L’imagination fixe l’information. Enfant déjà, alors que je révisais mes cours, j’usais de ce merveilleux subterfuge pour apprendre. Merveilleux parce qu’il apporte une dimension féérique aux leçons. Subterfuge parce que c’est une béquille essentielle à ma pauvre mémoire.
Par exemple, impossible de me souvenir du nom de ce brillant auteur français, politicien et figure de la Révolution qu’aimait tant mon professeur d’histoire : Mirabeau. Pour m’en sortir, recours nécessaire à mon subterfuge. J’imagine un personnage, mi-Homme, mi-Rat (façon dieu de l’Egypte antique), qui se mire dans un petit miroir de coiffeuse, laissant rayonner sa beauté (et son orgueil). Je tenais là mon Mi-Rat-Beau ! Impossible depuis de l’oublier. L’image, l’émotion rieuse qu’elle a procurée, a définitivement fixée l’apprentissage.
C’est ainsi que j’aime user d’images fortes et de personnages pittoresques pour mettre en valeur les trésors patrimoniaux de mes partenaires. Si le personnage allie des traits de personnalité incongrus ou une histoire de vie abracadabrantesque à des informations bien réelles, le public n’oubliera pas l’information qui lui est transmise. C’est ainsi que l’enquête immersive réalisée pour la Maison de l’Absinthe fait intervenir une belle galerie de personnages historiques, dont le récit a (quelque peu) été romancée pour les besoins de l’intrigue.
La belle et sulfureuse courtisane Liane de Pougy saura vous conter la consommation clandestine de la boisson des poètes, dans le Paris mondain des années 20.
Danseuse de cabaret émérite, ses intrigues de cœur se mélangent aux vapeurs anisées.
Si sa peau est douce, elle n’est pas aussi ingénue qu’on pourrait le croire au premier abord…
Le modeste peintre Charles Maire crie sa colère à qui veut l’entendre.
Auteur d’une nature morte achetée par la Maison Pernod, il s’estime lésé.
L’illustration, reproduite à des fins publicitaires, a été exposée dans tous les cafés du monde et a contribué au succès de la marque sans qu’il ne bénéficie d’aucune retombée économique. Un vrai scandale !
Le préfet du Val-de-Travers, Auguste Sandoz, a longtemps été apprécié de ses administrés pour sa droiture et sa probité.
Alors qu’il entend sortir sa région de l’ornière économique, dans laquelle elle est tombée depuis l’entrée en vigueur de la prohibition, certaines voix dénoncent du laxisme.
La justice fermerait-elle délibérément les yeux sur certains délits, refusant de condamner les distillateurs clandestins ? Auguste Sandoz aurait-il intérêt à fermer les yeux sur ce disfonctionnement ?
Quand vous aurez rencontré ces personnages, qu’ils vous auront parlé avec émotions de leur histoire, de leur part d’ombre et de lumière, alors vous ne les oublierez plus ! Croyez-moi, vous ferez rapidement vôtre leurs préoccupations et, sous le coup du suspens, vous n’aurez qu’une envie, passer à l’action pour démêler le vrai du faux.
Sujet plus personnel dans la prochaine chronique. Je me dévoile en vous racontant ce qui m’a amené à concevoir mes premières expériences immersives.
Photos : Jérome Schmid