Sciences, croyance et fake news

Ce qui me passionne, c’est d’observer comment la confusion entre science et croyances conduit à des argumentations erronées.

Les deux conceptions coexistent, elles sont fondamentales mais ne doivent pas être confondues. Les mélanger reviendrait à penser que la force de gravité est une croyance à laquelle chacun est libre ou non d’adhérer. C’est absurde ! Et pourtant, notre quotidien est truffé d’experts auto-proclamés qui emballent ce genre d’inepties.

Cette confusion explique le déferlement des faxe news sur les réseaux, la pénétration des mouvements conspirationnistes telles que QAnon, jusqu’à l’irruption des trumpistes au Capitol. Un risque immense à mon sens pour nos démocraties puisqu’à confondre science et croyance, il n’y a plus de socle commun sur lequel s’entendre, tout devient mouvant.

Ma formation en biologie et ethnologie m’a appris à distinguer deux représentations du monde très différentes :

– la cosmogonie : un récit mythologique qui décrit la formation et l’organisation du monde.

– la cosmologie : la science qui étudie l’origine, la formation, la structure et l’évolution de l’univers.

Les mythes de la création du monde sont des récits sacrés, souvent complexes. Ils ont pour mission de donner du sens, d’ordonner le monde, d’expliquer à quelles lois morales l’homme est soumis.

Il en découle des règles de vie sociale, souvent basées sur des interdits. Les humains vont se comporter en fonction d’un ordre supérieur, agir pour maintenir l’équilibre du monde. Ces conceptions sont affaires de croyances, des utopies propres à chaque société.

Les Chimanes de Bolivie, conçoivent par exemple la Terre comme une calebasse couchée, divisée en trois zones : à l’ouest la cordillère de Andes, ensuite la forêt où ils vivent, puis une vaste savane traversée par un fleuve. Les astres sont situés en dehors du système. La Voie Lactée est assimilée à un lézard qui empêcherait le ciel de tomber.

La représentation scientifique du monde est différente par nature.

Le modèle du Big Bang a été construit par observation et expérimentation.

Le modèle scientifique est accepté par la communauté lorsque l’hypothèse a été validée par l’expérience et que les résultats ont été reconnus par les pairs. Il s’agit de s’assurer que le dispositif expérimental est correct, que les conclusions sont fondées.

Le Big Bang n’est pas une théorie achevée et définitive. Le modèle est accepté jusqu’à ce qu’une nouvelle découverte vienne le compléter ou le remette en question. C’est la démarche scientifique.

Comme le dit Hubert Reeves, « pour tout esprit curieux et intéressé à connaître le monde, le Big Bang est (et de loin !) le scénario le plus crédible du passé du cosmos. Il nous rappelle un élément fondamental de toute activité intellectuelle : il faut adapter la philosophie à la réalité et non l’inverse. »

Garder en tête la différence de nature de ces deux approches permet de se situer, de garder un esprit critique face au déferlement d’informations.

Que le discernement soit avec vous !

Curieux de découvrir quelques représentations du monde, allez faire un tour sur mon post LinkedIn : https://www.linkedin.com/posts/sophie-pasche_repr%C3%A9sentations-du-mondesolutions-activity-6769620453150482432-Cxe_

Référence bibliographique pour aller plus loin : Leila Haddad et Guillaume Duprat, Mondes : Mythes et images de l’Univers, 2006 Editions du Seuil.

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